LES FLEURS MODERNES D’UNE COLLECTIONNEUSE
Ainsi que le rappelait la Gazette n° 15 (page 44), un peu plus de 200 œuvres provenant de la succession de la collectionneuse et voyageuse Monique Nanos étaient dispersées. Si son intérieur révélait des artefacts africains et des objets funéraires précolombiens plutôt anecdotiques et du registre du souvenir, l’amatrice avait un goût sûr pour l’abstraction de la seconde moitié du XXe siècle. Auprès des artistes qu’elle appréciait – notamment Geneviève Asse, Olivier Debré, André Marfaing, Árpád Szenes et Zao Wou-ki – et des galeries qu’elle fréquentait, elle avait acquis de nombreuses lithographies et gravures, ici vendues entre quelques centaines et un peu plus de 4 000 €. Tel était le cas d’une eau-forte de Sean Scully (né en 1945) de 2005, Barcelona Day adjugée 4 141 €. Des mêmes, elle possédait également des œuvres dessinées ou peintes sur papier qui ont pour leur part flirté, voire dépassé, les 20 000 €. Il en était ainsi d’un acrylique de Gérard Gasiorowski montrant des fleurs et des pots, cueilli à 18 763 € (reproduit ci-contre), et d’un autre du même auteur : des fleurs cette fois numérotées 177 et 178 (74 x 61 cm également) et cédées 17 056 €. Cet artiste plasticien et photographe, poulain de la galerie Maeght – qui l’a souvent exposé –, a procédé par grands cycles picturaux entre 1973 et 1983, dont « La Guerre » (à laquelle appartiennent ces deux œuvres), « Worosis Kiga » et « Kiga ». Il s’y pose à chaque fois comme le narrateur d’une fiction. Un lavis Sans titre de 1978 (64 x 49,5 cm) d’André Marfaing (1925-1987) était décroché à 18 116 € et le Paysage enneigé (60 x 39,7 cm) d’Árpád Szenes (1897- 1985) choisi par la Gazette pour illustrer la vente retenait 10 496 €. Le résultat le plus élevé, 28 468 €, revenait à Pierrette Bloch (1928-2007), pour une encre noire Sans titre (65 x 50 cm), réalisée vers 1973 et ayant été exposée chez Karsten Greve en 2018. Avec cette artiste évoluant depuis les années 1950 vers une pratique abstraite en dehors de toute catégorie esthétique jouant sur les rythmes du blanc et du noir, on atteignait l’ultime économie de moyens.