La peinture ancienne prenait la tête de cette vente généraliste, notamment grâce au Portrait de Louis, dauphin de France, fils de Louis XV (51 x 39,5 cm - Voir Gazette n° 23, page 68), peint par Jean-Marc Nattier (1685-1766) et décroché à 142 340 €. L’estimation était plus que doublée pour cette riche nature morte de Jan Davidsz. de Heem, décrochée à 116 460 €. Le citron à moitié pelé dont l’écorce se déroule dans le vide, le crabe, le röhmer, l’assiette d’argent ainsi que les grappes de raisin et les feuillages ici représentés se retrouvent, disposés différemment, sur un entablement garni d’un drapé de même couleur dans une composition peinte par l’artiste en 1652 (musée national d’Art du Danemark, Copenhague). « Vanité des vanités, tout est vanité » (L’Ecclésiaste, 1, 2), nous enseigne cette œuvre hautement symbolique, associant abondance de la nature et beauté de la vaisselle, dans le désordre savamment étudié d’une fin de repas. Sublimation du quotidien, elle invite à méditer sur la futilité des richesses et la fragilité de l’existence, grâce à la virtuosité illusionniste du pinceau de son auteur. Sa plus ancienne nature morte pourrait être celle peinte en 1640 et aujourd’hui conservée au Louvre, à motif de Fruits et riche vaisselle sur une table. De Heem, alors installé à Anvers depuis cinq ans, a fait évoluer son travail – auparavant plus austère – vers des œuvres opulentes et chatoyantes, correspondant au goût de la ville néerlandaise pour des compositions décoratives. Un autre tableau évoquait la première moitié du XVIe siècle, à travers un Portrait d’homme à la fraise, une blessure sur le front (73 x 60 cm), attribué à Simon Vouet (1590-1649) et décroché à 58 230 €.