Suzuki Harunobu, ambassadeur de l’ukiyo-e

« Solitude – même la chaleur des couleurs en est absente… là où poussent les sapins noirs, les montagnes à l’automne, au crépuscule ». Apparaissant dans le cadre de l’estampe, cette composition du poète et moine Jakuren Hoshi (1139-1202) accompagne deux jeunes femmes, l’une allongée et lisant un album, l’autre debout, regardant l’horizon une pipe à la main (reproduit ci-contre). Elles sont dues à Suzuki Harunobu, qui remportait 84 110 € pour sa trilogie d’estampes sur le thème des « Trois poèmes vespéraux ». Ses deux autres chuban tate-e figurent une Soirée près des marais (voir couverture et page 6 de la Gazette n° 21) et des Courtisanes près de l’eau. Ces compositions réinterprètent une estampe du peintre d’ukiyo-e Nishikawa Sukenobu (1671-vers 1750). Cette seconde dispersion de la collection René Scholten, dont le premier opus récoltait un franc succès l’an passé (voir Gazette 2024 no 38, page 91), plaçait Utagawa Hiroshige (1797-1858) en deuxième position moyennant 62 112 €, grâce à une Averse soudaine sur le pont Ohashi à Atake (36,8 x 25,3 cm). Ce sujet correspond à la 58e planche de sa série des « Cent vues d’Edo », éditée par Uoya Eikichi en 857. Il séduisit tant Vincent Van Gogh, grand amateur d’estampes japonaises, que celui-ci s’en inspira pour en peindre sa propre version, aujourd’hui conservée au musée Van Gogh d’Amsterdam. 30e planche du même recueil, un autre oban tate-e, figurant Le Jardin des pruniers à Kameido (36,6 x 4,6 cm - voir Gazette n° 22 page 52, détail), obtenait 54 348 €. Conservés dans leur boîte originelle (51,9 x 37 cm), deux ensembles complets de trente-neuf estampes d’Ito Shinsui (1898-1972), montrant leurs différentes étapes d’impression et remontant à 1952, étaient emportés pour 40 271 €. La planche (52 x 30 cm - Voir même Gazette, page 63) de Kobayakawa Kiyoshi (1899-1948) appartenant à la série « Kindai jiseisho no uchi » (« La mode d’aujourd’hui ») ne trouvait quant à elle pas preneur.

JEUDI 12 JUIN, SALLE 7 - HÔTEL DROUOT. AUDAP & ASSOCIÉS OVV. CABINET PORTIER ET ASSOCIÉS.

Suzuki Harunobu (vers 1725-1770), Courtisane lisant, estampe d’une série de trois (chuban tate-e) sur les Trois poèmes vespéraux (Sanseki waka), 1766-1767, signées, 28,2 x 20,4 cm.
Adjugé : 84 110 € les trois

La gazette Drouot
du jeudi 19 juin – N°24, p.135