Un regard disparu et retrouvé

Fils aîné de Louis XV le Bien-Aimé, toutes les fées semblaient s’être penchées sur le berceau de Louis le 4 septembre 1729, d’autant que jusque-là le couple royal n’avait eu que des filles. C’était sans compter sur la destinée… Figure dévote, celui qui s’inscrivait en contrepied total de son père et dont on ne saura jamais s’il aurait gouverné avec sagesse et changé le cours de l’histoire, meurt prématurément de la tuberculose en 1765 à l’âge de 36 ans à peine. C’est son fils aîné, sous le nom de Louis XVI, qui accédera au trône. On connaît la suite. Les peintres s’étant attachés à traduire la noblesse de son allure, leurs œuvres perpétuent son souvenir. Certaines sont conservées au château de Versailles, notamment celle où il pose en pied devant le pinceau de Charles-Joseph Natoire en 1747. Jean-Marc Nattier, portraitiste émérite et favori des Orléans tout d’abord, puis de toute la cour, a été bien sûr mandé pour faire le sien, et ce à deux reprises. La première fois pour un Portrait de trois-quarts exposé au Salon de 1747 et dont la localisation est inconnue, la seconde pour celui-ci qui, selon toute vraisemblance, appartient à une série exécutée dans les années 1748 : « Mémoires de six portraits de la famille royale, dont il n’y a que les têtes qui soient achevées, lesdits ouvrages ordonnés pour le service du Roi par M. de Tournehem, au sieur Nattier. » On connaît même le prix de chacun : 500 livres ! Probablement accrochée dans l’appartement de Mademoiselle Silvestre, lectrice de la Dauphine en 1761, cette toile ovale a été achetée le 2 juillet 1914 par le comte X. chez Gaston Neumans et était depuis demeurée dans sa descendance. C’est donc un petit morceau de l’histoire de France qui réapparaît.

La gazette Drouot n°23 - Jeudi 12 juin 2025