Les voyages en couleur de Jean-Louis Paguenaud, peintre de Limoges, en vente à Drouot (Le Populaire du Centre)

Le front dégarni, la bouille ronde, le pinceau à la main, Jean-Louis Paguenaud pose devant une de ces toiles qui ont fait sa renommée, un navire de guerre qui fend les eaux à pleine vitesse. Peintre officiel de la Marine, il a produit des centaines de toiles sur ce thème. Mais il a aussi, au gré de ses nombreux voyages, dressé un portrait coloré et lumineux des lieux et des gens qu’il a rencontrés.

La bougeotte très tôt
Il faut dire que, très tôt, l’artiste a eu la bougeotte. "Je vais accomplir un des rêves les plus chers de ma vie, écrit Paguenaud au moment de s’embarquer pour la première fois en 1902. Aller là-bas, bien loin, vers l’inconnu des Tropiques dont le seul nom éveille en moi, je ne sais quoi qui me trouble d’une façon insensée."

De ce premier voyage, qui le fait accoster à la Martinique au moment de l’éruption de la montagne Pelée, il ramène un carnet de voyage poignant, une série de gouaches et la médaille d’or du courage pour son dévouement auprès des sinistrés.
Dès lors, Jean-Louis Paguenaud ne va cesser d’embarquer. Entre 1903 et 1912, sur la goélette de son ami Casimir Sobanski, l’artiste-peintre polonais, il parcourt la Méditerranée et ramène des tableaux de Beyrouth, Alexandrie ou Le Caire. En 1925, sur le croiseur Duguay-Trouin, il découvre les côtes africaines et en ramène des dizaines de gouaches. En 1927, sur le croiseur Lamothe-Piquet, il accoste en Argentine, au Brésil, aux îles du Cap-Vert, en Guyane, en Uruguay…

Ses voyages ne l’empêchent pas de penser toujours à sa terre natale. En 1948, il passe de longues semaines à courir la campagne limousine. Il en rapporte des dizaines de paysages et un petit poème en prose : "Pour ceux qui aiment le Limousin, pour les touristes qui, l’ayant visité, l’aimeront à leur tour, j’ai peint les forêts et les belles eaux de mon pays natal."

Plusieurs milliers de toiles
Jusqu’à sa mort en 1952, Jean-Louis Paguenaud peindra. Vincent Pécaud, le grand spécialiste limougeaud du peintre, estime sa production à plusieurs milliers de toiles. "Il avait une rapidité d’exécution exceptionnelle et un vrai talent de coloriste, explique-t-il. Il a utilisé toutes les techniques, sauf peut-être le pastel."

Avec une telle production, il n’est pas rare de trouver des tableaux de Paguenaud sur le marché des enchères. Mais la vente qui va se dérouler lundi 17 avril, à Drouot, est, elle, hors normes (*).

Vingt-trois œuvres de Paguenaud, représentants toutes les périodes du peintre, seront dispersées. Un record pour un artiste dont la cote est en train de monter tranquillement.
Vente par l’étude Audap & associés, Hôtel Drouot, salles 10 et 16, lundi 17 avril à 14 heures. Catalogue visible sur www.audap-associes.com