Conquérir la lumière

Direction l’Espagne pour cette toile de Francis Picabia réalisée en 1907. Inspirée des impressionnistes,
elle a été de longue date dans la famille d’un amateur parisien.
La campagne étincelle sous la lumière de l’été. L’air semble immobile et pas une âme ne s’est aventurée dehors malgré la quiétude du lieu. Au loin, une ligne de collines barre l’horizon s’élevant au-dessus de la mer. Peintre connu à l’époque, Francis Picabia vend très bien des œuvres de style impressionniste. Mettant ses pas dans ceux de Monet et de Sisley notamment, il reprend leurs motifs et multiplie les mentions de l’heure du jour, de la saison ou de l’atmosphère dans ses titres, s’inspire de Claude Pissarro dans ses sujets rustiques. Fort du succès de ses expositions aux galeries Haussmann (Paris) et Cremetti (Londres), il parcourt l’Espagne au volant de sa nouvelle voiture, du Pays basque à l’Andalousie. Il peint avec ardeur, soutient, en réponse à un groupe de confrères, que le peintre «ne doit pas rechercher le métier en toute chose mais à reproduire les émotions que lui procure la nature sans se préoccuper de la technique… Les effets de soleil sont une sorte d’obsession, même si certaines œuvres de cette série sont réalisées d’après des cartes postales ou des photographies dont il change quelques éléments. De diverses dimensions, les peintures poussent au maximum l’idée de série. «On se promène dans ses paysages […], on y pense, on y rêve. Il raconte avec une joie de couleur qui vous ravit […] ce qu’il veut en effet, c’est exprimer…», écrit le critique Léon Roger-Milès dans le catalogue de l’exposition à la galerie Haussmann en février 1905.

LUNDI 28 NOVEMBRE, SALLE 13 – HÔTEL DROUOT. AUDAP & ASSOCIÉS OVV.