Georges Heilbrun (1901-1977) a été à Paris, avec Pierre Berès, l’un des acteurs marquants du marché du livre ancien au XXe siècle. Servi par une culture étendue et un goût exquis, il a pendant un demi-siècle rapatrié en France les livres les plus rares et les plus beaux qui surgissaient dans des ventes aux Etats-Unis et en Europe.
Nous content d’être alors en mesure de satisfaire l’attente de bibliophiles exigeants, qui attendaient fiévreusement les catalogues porteurs de ses trouvailles, Heilbrun a constitué à son usage un petit contingent de livres. Il s’y trouve aussi bien des spécimens de haute bibliophilie tels le Songe de Poliphile (1499), considéré comme l’un des plus beaux livres illustrés de tous les temps, la Nef des fous, autre incunable celui-ci de 1497, orné d’une foisonnante illustration due en grande partie à Albrecht Dürer (si drôle et si révélatrice sur la vie quotidienne au moyen âge), que des livres de faible valeur qu’il ne dédaignait pas de mettre en parallèle et sur un rang égal, y découvrant des inductions, des qualités que nul avant lui n’avait su détecter.
Ce sont donc 140 livres de sa collection personnelle qui vont passer en vente à Drouot le 3 novembre prochain. Ils représentent le tiers de la réunion initiale, le reste réparti entre deux autres héritiers ayant été déjà dispersé. Parmi les raretés on signalera encore le Systema cosmicum de Galilée (1635) qui, renforçant la théorie de Copernic sur l’héliocentrisme lui valut de féroces poursuites, la première édition des Fables de La Fontaine, vénérable volume de l’un des chefs-d’œuvre de la littérature universe